Après la tribune de Macron sur le cessez-le-feu à Gaza, il faut des actes ! Maintenant !

Emmanuel Macron a co-signé un appel commun avec Abdallah II de Jordanie et le président égyptien al-Sissi, publié dans le Monde daté du 10 avril, appelant à un cessez-le-feu permanent, à l’ouverture de l’accès humanitaire à Gaza et à une solution politique à deux États. https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/08/l-appel-de-macron-al-sissi-et-du-roi-abdallah-ii-pour-un-cessez-le-feu-immediat-a-gaza_6226716_3232.html#:~:text=Face%20au%20nombre%20intolérable%20de,cessez%2Dle%2Dfeu%20permanent.

Après plus de six mois d’intervention israélienne à Gaza, de crimes de guerre et de massacres, après plus de 30 000 victimes dont 70% de femmes et d’enfants, alors que même le gouvernement des États-Unis prend ses distances avec Netanyahou, nous pouvons dire : enfin !

Cet appel va dans le bon sens. On peut certes analyser les intérêts bien compris des régimes égyptien et jordanien, désireux de peser dans la recomposition des rapports de force à l’œuvre dans la région qui s’accélère depuis le 7 octobre. L’un et l’autre n’ont pas montré ces dernières décennies de préoccupation quelconque pour les intérêts nationaux du peuple palestinien. Les dangers d’extension régionale du conflit et la perspective possible d’une nouvelle vague de réfugiés palestiniens chassés de Gaza ou de Cisjordanie victimes de la politique d’épuration ethnique du gouvernement Netanyahou ont joué un rôle important dans cette prise de position. La brutale montée des tensions avec l’Iran suite au bombardement par l’armée israélienne du consulat iranien à Damas montre que l’engrenage régional est un risque immédiat.

Mais, désormais, il ne faut pas se contenter d’une tribune. L’urgence est aux actes concrets. Alors que le gouvernement d’extrême-droite de Netanyahou a annoncé un repli tactique de l’armée du sud et du centre de la Bande de Gaza tout en affirmant sa volonté maintenue d’envahir Rafah, où sont enfermées 1,7 million de personnes dénuées de tout, que la famine est déjà présente, et que les révélations sur l’utilisation des technologies de l’IA et sur l’existence de « kill zones » font état, à tout le moins, de crimes de guerre avérés, il faut agir. Maintenant. C’est bien un risque de génocide, qui impose une réaction forte, concrète et immédiate.

La France doit tirer les conséquences concrètes de la tribune des trois chefs d’État.

Au risque de nous répéter, rappelons-les.

Il faut prendre des sanctions contre l’État d’Israël.

Il faut mettre fin à l’importation de biens et de services produits dans les colonies de Cisjordanie et de Jérusalem-Est.

Il faut sanctionner financièrement les organisations de colons. Il faut suspendre l’accord d’association entre l’UE et l’État d’Israël.

Il faut interdire l’exportation d’armes et de matériel militaire à destination de l’armée israélienne. Cela est valable à fois pour la France, mais aussi pour l’Union Européenne.

Le Parlement européen a exigé un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Il faut que l’UE agisse en conséquence.

La tribune souligne, à juste titre, l’importance vitale du rôle de l’UNRWA. La France a annoncé fin mars le versement de 30 millions d’euros au titre de sa contribution annuelle. Mais l’agence de l’ONU, dont le financement dépend exclusivement des contributions d’États ou d’ONG, a besoin d’une pérennité financière afin de répondre aux besoins des 6 millions de réfugiés palestiniens vivant dans des camps depuis 1948 et de faire fonctionner les 700 écoles et le système de santé indispensable à leur vie, à leur survie, alors que 178 agents de l’UNRWA ont été tués et 161 installations frappées par l’armée israélienne. La France doit donc appeler les États à rétablir intégralement le financement de l’UNRWA.

Enfin, il appartient à la France d’ouvrir un chemin concret vers la solution à deux États en reconnaissant l’État de Palestine. Immédiatement. Les déclarations passablement embrouillées de Stéphane Séjourné à ce sujet, en dernier lieu lors de son interview à France 24 lundi 8 avril, ne sont pas à la hauteur du rôle nécessaire de la France. Il est hypocrite et honteux de dire que « ce n’est pas le moment ». Ce n’est jamais « le moment » depuis 1948. Ça suffit ! L’Espagne a annoncé une reconnaissance officielle avant l’été. L’Irlande prend la même voie. La Slovénie a également ouvert cette possibilité. Que fait la France ? Son retard est inexcusable. Une reconnaissance de l’État de Palestine par la France ne serait pas uniquement symbolique. Ce serait un geste politique de première importance dans la voie de la nécessaire solution politique, pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens.

La France doit cesser sa politique du chien crevé au fil de l’eau qui brouille son message politique et lui a fait dire et faire tout et le contraire de tout depuis les attentats terroristes du Hamas du 7 octobre et depuis le début des massacres de masse de l’armée israélienne à Gaza. Elle doit s’engager clairement, en actes, dans la voie de la paix, du droit et de la justice.

Vincent Boulet,
membre de l’exécutif national du PCF
chargé des relations internationales

https://www.pcf.fr/apres_la_tribune_de_macron_sur_le_cessez_le_feu_gaza_il_faut_des_actes_maintenant

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